Vase dit « Les Ages de la vie » – Jules-Aimé Grosjean pour la Manufacture Mougin Frères

Abolir la frontière entre Beaux-Arts et arts décoratifs, entre sculpture et céramique, entre ce qui est beau et suscite la réflexion, et ce qui est utile et nécessite un savoir-faire artisanal. Voilà le dessein que se sont donnés les artistes, se revendiquant d’un Art Nouveau, au tournant du XXe siècle. Sans conteste, ce vase en est un parfait exemple. Réalisé dans l’atelier parisien des frères Mougin, il est l’œuvre du sculpteur Jules Aimé Grosjean. Dans cette parfaite réunion de l’utile, du beau et de l’intellect, Mougin et Grosjean donne naissance à une œuvre qui n’est ni celle d’un céramiste, ni d’un sculpteur. Cette œuvre totale suscite autant la contemplation par son sujet, celui des âges de la vie qui s’entremêlent sur toute la panse, que par sa matière et ses effets de surface.
Le thème traité par Jules Grosjean n’est guère nouveau et trouve son origine dans l’Antiquité grecque puis romaine. Au fil des siècles et des interprétations, le nombre d’âges varie : trois, quatre, six, sept, dix ou douze. Cette division de la vie en grande période traverse les siècles.
Titien, avec l’Allégorie du Temps gouvernée par la prudence, donne une interprétation renouvelée de cette division, faisant apparaître uniquement les visages, et les superposant à des gueules d’animaux.
Trois âges sont également représentés par Grosjean. Seulement ce dernier en bouleverse les codes. Le chiffre trois, associé à la sainte Trinité, aux trois continents, à la Sainte Famille ou aux Rois mages, perd ici sa symbolique religieuse pour revêtir une pensée plus métaphysique.
Au lieu de représenter un jeune homme, un homme d’âge intermédiaire et un vieillard, Grosjean se livre à une composition libérée de tout historicisme et largement influencée par le courant symboliste. Cette dernière influence, Grosjean l’a doit en grande partie à son maître Ernest Barrias.

Hauteur : 42 cm
Largeur : 36 cm
Profondeur : 38 cm