L’aiguière des vendanges présente un décor à la mode du temps, évoquant sa fonction à travers le répertoire décoratif qui la constitue. Ainsi le contenu de cette aiguière ne peut-il être que du vin. En effet, la panse de l’aiguière est constituée d’un tonneau parcouru de ceps de vigne donnant naissant à l’anse qui vient rejoindre le col en se divisant en deux branches.
Sur le col, quatre putti illustrent le thème d’une fête enivrée. Un putti cueille le raisin, l’autre rythme la récolte de son tambourin ou anime la fête, un troisième attend que soit versé l’élixir, scrutant le bec avec beaucoup d’attention. Le dernier pose sa coupe sur la tête, visiblement déjà gris.
Les couleurs choisies sont celles que l’on retrouve habituellement sur cette pièce. Tout est traité avec naturalisme. On reconnaît la qualité de la palette chromatique de Minton et son bleu-vert typique figurant à l’intérieur de la pièce.
Une pièce identique figure au Museum of New Zealand (Te Papa Tongarewa).
La manufacture Minton est fondée en 1793 par Thomas Minton (1788-1836). La production se concentre alors sur la réalisation de faïences au décor imprimé bleu et blanc.
Thomas Minton intègre ses fils dans l’entreprise : Herbert et Thomas en 1817. C’est Herbert qui se voit confier seul la direction de la manufacture à la mort de son père en 1836. Sous son contrôle, la manufacture connaît un essor sans précédant. Son neveu, Colin Minton Campbell reprend le flambeau en 1858.
La manufacture est alors à son apogée, elle comprend 1500 employés. Le directeur artistique de la manufacture, Léon Arnoux est français et il fait venir en Angleterre de nombreux faïenciers qui ont travaillé dans les manufactures françaises.
Hugues Protât (1835 – 1871)
De nombreux artistes français travaillent pour Minton, attirés par la personnalité de Léon Arnoux. Parmi les nombreux collaborateurs français de Minton, Hugues Protât occupe un rôle important. Il est nommé en 1855 chef modeleur de la manufacture à la suite de Carrier-Belleuse. Il devient professeur de modelage à l’école de poterie de Stoke-on-Trent. Certaines de ses œuvres réalisées à Minton portent sa signature et son monogramme de manière tout à fait exceptionnelle. Les pièces qu’il réalise montrent son attachement au naturalisme qui règne sur les arts du feu durant la seconde moitié du XIXe siècle.