Candélabres aux pavots et aux perruches – Antoine-Louis Barye, milieu du XIXe siècle.
Grande paire de candélabres en bronze à patine vert antique composée d’une tige ornée de feuilles de pavots savamment modelées et gravées pour en rendre les nervures. Les amples feuilles tortueuses retombent sur la base des candélabres de forme triangulaire, qui est soutenue par trois tortues.
Entre les feuilles et sortant des racines de pavots rampe un serpent très finement ciselé, enroulé autour de la tige du candélabre.
Au sommet de la tige se dessinent les douze bras de lumière aux binets en forme de fruit de pavot. Les bobèches figurent les pétales avec réalisme. Le sujet a sans doute été choisi par le sculpteur pour évoquer la nuit. Il évoque ainsi la fonction de l’objet qu’il crée à travers son ornementation. Les candélabres sont allumés pour chasser la pénombre de la nuit. Le pavot est considéré comme étant la fleur de la nuit et du sommeil. On le retrouve donc depuis la fin du XVIIIe siècle dans les arts décoratifs sur des candélabres et sur des lits (voir le lit de Juliette Récamier au musée du Louvre).
Sur l’axe central est perchée une perruche battant des ailes, traitée avec tout autant de réalisme. Le sujet est plus exotique. Sur les deux candélabres, la perruche est identique, issue du même moule.
Artiste célèbre pour ses sculptures animalières, Antoine-Louis Barye (1795-1875), fils d’orfèvre, se forme au travail des métaux chez un équipementier militaire avant de rentrer à l’École des Beaux-arts de Paris en 1818. Il s’oriente ensuite vers la sculpture animalière qu’il va remettre au goût du jour. Dès 1838, le sculpteur favori de Ferdinand Philippe d’Orléans prend la décision de produire et de commercialiser lui-même ses œuvres. Il conserve ainsi une qualité répondant à ses exigences, tandis que nombre de ses concurrents n’hésitent pas à vendre leurs modèles à Susse et à Barbedienne.
Antoine-Louis Barye fait partie des sculpteurs qui produisirent volontiers des modèles de bronze d’ameublement. Il mettait autant d’énergie et de créativité dans ses bronzes d’ameublement que dans l’art statuaire. Les bronzes d’ameublement de Barye furent fort appréciés par la critique. James de Rothschild partagea pleinement ce ressenti et fit l’acquisition d’une paire qui fut placée au château de Ferrières.
Après 1850, cachet et numérotation sont apposés à la demande par Barye sur ses tirages. Puis, d’après le Catalogue des sculptures de Barye, on ne connaîtrait pas de bronze estampillé après 1857. Notre paire de candélabres ne fait donc pas exception, tout comme la paire de candélabres du même modèle conservée au musée du Louvre et celle conservée au Musée des Arts Décoratifs de Paris, présentée dans l’écrin contemporain de la réalisation de ces bronzes qu’est la chambre du Baron Hope à l’hôtel de Monaco (années 1840).